Artisanat berbère -signes et symboles (part 2) : murs, tapis, tatouages, bijoux
1. Décorations murales
In Mohand Abouda, « Maisons kabyles,
espaces et fresques murales« , 1985.
À partir d’une enquête menée entre 1942 et 1944 par un informateur auprès des femmes, le R. P. Devulder publie en 1958 une étude qui porte uniquement sur les décorations murales intérieures de maisons de la tribu des Ouadhias, en particulier des villages de Taourirt-Abdellah, Adrar-Amellal et Aït-Abdelkrim. Ces dessins muraux qui représentent des objets familiers n’ont que rarement une seule valeur décorative : « le plus souvent ils rappellent un rite (…) où la femme kabyle se remémore les moyens d’attaque et de défense pour conserver son bonheur« , observe l’auteur. « Rappels schématiques de la vie et des soucis d’une femme kabyle dans son ménage », ils ont pour but de lui rappeler « tous les rites magiques et superstitieux qui peuvent, d’après leurs croyances, les rendre heureuses ou malheureuses« , écrit-il encore[44]. »Nos ancêtres, dans les vitraux des cathédrales, apprenaient l’histoire de leur religion et des Saints vénérés (…). On peut voir dans cette pratique une analogie avec ce que nous trouvons aux Ouadhias« , analyse plus généralement M. Devulder. Il serait aussi possible de rapprocher son interprétation de celle que propose André Leroi-Gourhan des fresques animalières de la préhistoire, constituées de « mythogrammes » comparables aux images d’une bande dessinée. ».
1, 2 et 3 : Lune et étoiles (c’est aussi l’image d’une belle femme et ses fils). / 4. Arum / 5. Figuier de Barbarie figuré sous forme de haie)./ 6. Palmier (arbre dont les femmes kabyles, dans de nombreux rites de fécondité, associent la datte à la naissance d’un enfant. On peut l’interpréter comme une visualisation de l’étreinte amoureuse). / 7. Frêne (auquel les femmes kabyles suspendent des amulettes). / 8 Tremble / 9. Mouche / 10. Mouche des bœufs / 11. Papillon / 12. Crabe / 13. Crapaud (animal maudit, utilisé pour séparer mari et femme ou pour rendre malade). / 14. Serpent (Représenté par une ligne brisée ou ondulée, signe de la résurrection des morts)./ 15. Dos de serpent / 16. Orvet ? / 17. Mille-pattes / 18. Scorpion / 19. Perdrix (représentée sous forme de deux losanges, celui du haut pour l’œil, celui du bas pour la gorge). / 20. Perdreau.
21. Chien / 22. Tête d’âne / 23. Homme / 24. Femme / 25. Cruche (étant plus particulièrement une figuration de la femme). / 26. Lampe (considérée comme le symbole de l’homme, du bonheur et de la joie. Elle est représentée avec un seul bras, l’homme – voir N° 23 – avec deux). / 27. Lampe de mariage (La lampe représente aussi bien l’homme que la femme dont elle figure les parties sexuelles). / 28. Lampe et 2 œufs (L’œuf, dessiné sous la forme d’un triangle blanc sans signe de remplissage, est symbole de la naissance et de l’éternité de la germination de la vie). / 29. Pot / 30. Tabouret (le tabouret est entouré de deux triangles symbolisant l’homme et la femme) / 31. Peigne à cheveux / 32 peigne à cheveux / 33. Peigne à tisser / 34. Carde (la carde est tenue par des mains de femme). / 35. Filet de poisson (dans les deux losanges supérieurs du filet sont représentés des poissons). / 36. Pendeloque / 37. Gâteau de miel.
(D’après le Père M. Devulder (préf. Ph. Marçais), Peintures murales et pratiques magiques dans la tribu des Ouadhias, Maison-Carrée, I. M. A., 1958, IV planches).
2. Tapis |
![]() Tapis berbère de Ghardaïa en pure laine de mouton |
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Presque tous les motifs des tapis berbères tirent leur origine du symbolisme sexuel. Ils représentent de diverses manières la femme, l’homme, la rencontre des deux sexes, puis la grossesse, l’enfantement et ne sortent, pour ainsi dire jamais de ce périmètre. Les symboles féminins sont les plus nombreux et, souvent, les plus reconnaissables. Ce sont les mêmes depuis l’époque paléolithique :
– Le signe X exprime un corps de femme ouvert, prêt à concevoir ;
– Le chevron se rapproche du signe X symbolisant les jambes écartées ;
– Le losange représente l’utérus, le ventre de la mère.
Les symboles masculins ne sont pas moins nombreux mais juste moins visibles, car ils occupent l’espace différemment et encadrent généralement les motifs féminins. Ce sont généralement des motifs en bandes ou en barres :
– Echelles ;
– Traits ;
– Droites ;
– Arêtes de poisson.
Ces motifs sont souvent associés au chiffre trois (peigne à trois dents, triple barre, deux bagues autour d’un anneau).
Le serpent est le symbole phallique récurrent et très lisible, car on le retrouve partout en Méditerranée et en Orient.
La croix est le signe de l’accouplement, tandis que le losange à double crochet est l’un des symboles de la naissance parmi les plus courants..
(Cf. le symbolisme des tapis berbères. http://paris-marrakech.com/blog/le-symbolisme-des-tapis-berberes/).
3. Tatouages 24. » …Le tatouage berbère est un rite de femme préislamique, le tatouage au henné l’a remplacé avec l’arrivée de cette religion qui l’a interdit le considérant comme un acte de mutilation corporelle. Les femmes berbères considéraient qu’elles représentaient la Terre chez les humains, aussi, tous leurs gestes et pratiques quotidiens (jardinage, cuisine, poterie, grossesse, enfantement etc.) étaient calquées sur les cycles de la Terre et de la Lune. Chaque femme apprenait de sa mère (dont le lien était précieux), qu’elles étaient les représentantes de la Vie et de la Mort sur Terre. La culture berbère est précieuse pour les femmes qui souhaitent révéler leur magie. Les tatouages pouvaient avoir pour fonction de : En Kabylie, le tatouage se pratiquait de façon ritualisée et se faisait au cours de séances collectives. Les tatoueuses scarifiaient la peau au moyen d’une épine de cactus ou de rose en suivant les contours du dessin préalablement tracé à la suie. Le sang était asséché avec un chiffon trempé dans la suie. Les jours suivant la tatouée prenait soin de son tatouage : après l’avoir lavé à l’eau et au savon elle l’enduisait de « tizeggzawt » (mélange de feuilles de fèves, de blé et de morille noire « tucanin » pilés), puis d’indigo pilé et enfin pour le rendre indélébile avec les cendres d’un chiffon bleu trempé dans de l’huile. Bien qu’il existe une base de symboles (le triangle, le losange…), celle-ci était adaptée par chaque femme. Il faut savoir que l’enseignement chez ces femmes était uniquement oral et inspiré de leurs propres perceptions. Aussi, il n’existe pas véritablement de dictionnaire de symbole et le même symbole pouvait donc représenter une chose différente d’une femme à l’autre…. » (Source de ce texte : http://inipi69.wix.com/ishtar-tatouages#!tatouages-berberes/c1sz ) |
Chaque détail, chaque motif a sa propre symbolique dans le tatouage berbère. Leurs fonctions diffèrent selon la géométrie peintes sur le visage. Autrement dit, le tatouage peut avoir un rôle de protection, de communication entre le monde des esprits et le corps humain ou encore de guérison.
- Le point symbolise le foyer, qui est au centre de la maison
- Le croissant de lune la matière qui naît, grandit et meurt.
- La spirale symbolise l’harmonie éternelle
- Le cercle représente l’absolu.
- Les palmiers tatoués sur le front des femmes berbères invoquent la déesse mère
- Le premier trait vertical symbolise dieu et la vie, ainsi que le premier outil planté en terre par l’homme
- Les deux traits symbolisent la dualité entre le bien et le mal qui sommeillent en chacun
- Le carré est la représentation de la maison
- Deux carrés superposés symbolisent le combat de dieu contre la malédiction et les ténèbres
- La rosace, composée de triangles : celui qui a la pointe vers le haut symbolise le feu et la virilité, tandis que le triangle avec la pointe en bas - représente l’eau et la féminité
- Le plus (signe +) symbolise l’œil de Dieu, l’étoile dont la lumière guide l’homme dans la nuit
- La croix symbolise les deux jambes ou les deux bras de l’homme.
- Autres symboles : la palme du palmier, les chevrons, les pectines de sapins, les lignes de vie.
Tatouages berbères. http://www.tattoo-tatouages.com/societe/tatouage-kabyle-berbere-amazigh.html.
4. Bijoux L’ornementation des bijoux berbères est un art très ancien que l’on retrouve dans les bijoux gaulois, égyptiens, phéniciens, carthaginois, wisigoths et mérovingiens. A base de dessins géométriques, ils présentent des rosaces, des étoiles, des roues solaires (gravures rupestres de L’oukaimeden) ou florales, des losanges, des triangles, des pleins cintres, des chevrons, des gallons, des signes astraux (croissant ou plaine lune, soleil, étoile), des carrés inscrits dans des cercles ou inversement (manifestations de cosmogonies), des cordons de grainetis, des hexagones, des spirales et doubles spirales. Se parer fut d’abord un geste magique et le bijou fut à l’origine un talisman, une amulette destinée à se concilier la nature, à conjurer le mauvais sort, à protéger et à promouvoir la vie et la fécondité. Les formes mêmes des bijoux et leur décor – figures géométriques, thèmes cosmiques et animaliers – eurent un sens magico-symbolique. Le serpent, symbole de la science chez les anciens, avait, dans les croyances populaires, le pouvoir de favoriser le jaillissement des sources et l’éclosion des céréales. Le poisson, à cause de l’abondance de ses œufs, symbolisait la fécondité. Le triangle, représentant l’image féminine, symbolisait également la fécondité. Le motif cruciforme, la rosace, la main, l’œil, avaient le pouvoir d’éloigner le mauvais œil |
Pour la bibliographie et les liens, voir la page précédente.
Bonjour,
Je suis plutôt touchée que vous ayez publié mon texte sur les tatouages berbères, mais cela aurait été sympa du coup de faire un lien vers mon site.
http://inipi69.wix.com/ishtar-tatouages#!tatouages-berberes/c1sz
Chaleureusement
Katia
Source ajoutée. Confirmez. Ali Hamadache